Mieux vaut se casser une main qu'un ongle PV Moira

Tout en martellant la table de mes ongles, je passe en revue les dernières pages du magasine qui se trouve sur mes genoux. Encore une fois, je me suis cassé un ongle. Pas la peine de le demander, oui, j'ai pleuré pendant de nombreuses minutes. Je me sens tellement mal et minable lorsque quelque chose comme ça m'arrive. Et en plus, ça m'arrive toujours à moi! Appelant en catastrophe ma meilleure amie, je me suis empressée de me rendre à l'hôpital, ne voulant pas trop trainer. La dernière fois que j'étais venue à la clinique pour la même chose, soit la semaine passée, j'avais attendu près de 2 jours avant de pouvoir voir le médecin. Ce dernier était un vieux bougonneux, un vieillard tellement laid que tout le monde aurait pu s'enfuir en courant. Mais une chance que ma meilleure amie avait passé ces journées avec moi. L'attente avait été beaucoup moins longue. Nous avions décidé, d'un commun accord, de ne plus jamais aller à la clinique et de passer tout simplement à l'urgence. Les médecins seraient cent fois moins bougonneux et en plus, personne ne savait qui nous étions. Ça serait plus simple pour nous de pouvoir parler dans le dos des autres sans se faire remarquer à tout bout de champs. Tout en parcourant difficilement les pages du magasine sans essayer de m'intéresser aux conversations des personnes autour de moi, j'attends Moira. J'ai hâte de la voir, de la prendre dans mes bras et de lui expliquer, larmes aux yeux, ce qui s'est réellement passé dans ma vie. Elle me comprendra, j'en suis certaine. Nous sommes comme deux soeurs que le médecin a séparé à la naissance. Je me suis déjà arrêtée sur cette question et après avoir parlé avec mon frère, ce dernier avait fini par me convaincre. Moira ne pouvait pas être ma soeur. Elle était chataine et moi, rousse. C'est simple, non?

Arrivée près de la dernière page, un petit paragraphe attire mon attention. L'histoire d'un crabe qui ne vit pas à la mer. Ne comprenant pas pourquoi ce dernier n'a pas de mère, je m'empresse donc de lire cette histoire, ne voulant pas paraitre pour une femme sans coeur. Je n'ai jamais idôlatré des animaux, mais lorsqu'il est question de bébé, je ferais tout pour pouvoir aider. Je cherche donc une adresse, espérant pouvoir rencontrer ce crabe et lui venir en aide, mais c'est peine perdu. Il est simplement écrit que le crabe n'a pas accès à la mer et il est hors de question pour lui de retourner à l'eau. Ne voyant pas le rapport avec son parent, je décide donc de froisser la page, brutalisant le crabe dessiné au feutre sur cette page, avant de déposer la revue sur la table à mes côtés. Tout en soupirant, je pose mon regard vers les gens présent dans la salle. Il y a un couple de personne âgé, une jeune femme avec son fils et un homme qui dort. Personne qui ressemble à Moira dans les environs. J'ai soudainement envie de pleurer et de me mettre en petite boule dans mon coin, tout en attendant ma meilleure amie. Pourquoi prend elle autant de temps avec de venir me rejoindre? N'a t-elle pas compris que je souffre et que j'ai besoin d'aide? C'est également la première fois que je viens ici, à l'urgence. J'ai donc besoin d'un appui de taille et de soutiens moral, aussi.